Les peintures présentées dans cette exposition ont été réalisées à partir de documents photographiques de la guerre de 1914-1918 : champs de bataille ravagés, chevaux de frise et barbelés, trous d'obus, tranchées, arbres mutilés dont les branches jonchent le sol, reflets dans des eaux mortes. Même si ces œuvres, au premier regard, semblent très réalistes, la démarche artistique de Myriam Bucquoit réside moins dans le choix de l'image – le « sujet » du tableau – que dans ce qui préside à ce choix et s'accomplit par les moyens de la peinture : suppression de toute présence humaine (ou animale) ; élaboration d'un espace disloqué ; monochromie source de lueurs sourdes ou d'ombres insondables ; matité et textures lignieuses, concassées ou étales. Des paysages donc, fossilisés, théâtres de désastres passés ou à venir qui diraient la « puissance du négatif ».
« Sculpteur anglais installé en France depuis 1950, William Chattaway a consacré de nombreuses années – en plusieurs périodes – à l'étude obstinée du crâne humain, depuis les innombrables variantes des années 60-70 jusqu'aux crânes embryonnaires récents (2006-2013). C'est cette dernière série qui est privilégiée dans l'exposition, soit la presque totalité des 40 sculptures (plâtres ou terres cuites) et une sélection d'œuvres sur papier (dessins souvent repris à la gouache ou au lavis). Pour Chattaway, le crâne doit être regardé d'une manière « simple, directe et objective » et délivrée de nos angoisses, afin qu'il soit considéré pour lui-même, tel un coquillage. « Lorsque l'on observe sa structure, on va de l'intérieur vers l'extérieur, du plus proche au plus lointain, sans interruption. Dans son entièreté, il est en même temps opaque et transparent… C'est une fin et aussi un commencement. Un objet intensément humain… Le dessous du crâne est comme la naissance du monde. » (Notes d'Atelier, 1966)
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« J'ai tourné le regard vers un horizon disparu pour y rechercher la première d'entre les femmes artistes à consacrer sa vie et son œuvre aux animaux et aux arbres. Le sentiment de retrouver chez Rosa Bonheur une convergence de sensibilité, un imaginaire d'Amérique aussi, m'a convaincue de resserrer mon propos autour des dernières traces de son destin exceptionnel, oublié. » C'est ainsi que Michèle Waquant, artiste franco-québécoise, nous parle de la peintre animalière (1822-1899) – et féministe avant l'heure – dont le souvenir lui a inspiré les travaux présentés dans cette exposition. On y découvre une série de photographies prises dans le musée-atelier de Rosa Bonheur de By à Thomery (Seine-et-Marne), un Orignal rouge réalisé à l'aquarelle et une projection vidéo intitulée La Route de Nesles qui, bien qu'empreinte de silence, est le véritable point d'orgue de ces « Prospections inactuelles ». Pour en augmenter indéfiniment la durée…
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