Sérusier a écrit : « D’une pomme d’un peintre vulgaire on dit : j’en mangerais. D’une pomme de Cézanne on dit : c’est beau ! ». Et il ajoute, toujours à propos de Cézanne : « Une chose est à remarquer, c’est l’absence de sujet… le sujet disparaît, il n’y a que le motif ». Cette observation vaut aussi pour les tableaux de Cristof Yvoré. Ils représentent toujours des objets parfaitement banals (pot, bougie, vase, fleur, rideau, façade…) qui ne sont plus à considérer comme des sujets mais plutôt comme les motifs de sa peinture. C’est-à-dire les raisons profondes, exclusives, de l’acte de peindre. De sur-peindre même — et là s’arrête la comparaison avec Cézanne (ou Morandi) — les plus intranquilles et dérangeantes « vies silencieuses ».
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Bombardements, incendies, séismes – tels sont les thèmes abordés par Myriam Bucquoit dans cet ensemble de peintures récentes*. Ou plutôt les conséquences de ces catastrophes : architectures ruinées ou calcinées, sites dévastés, désormais vides de toute présence humaine, sans références à des événements ou à des lieux précis. Toute expression tragique est évacuée dans ces œuvres qui ne sont, suivant le précepte richterien, « ni un spectacle ni une illustration ». Seules demeurent, dans un registre restreint de couleurs mates, des visions de paysages immobiles et silencieux, fantômatiques, dans un sentiment de temps suspendu.
Quelque chose comme un début d’éternité.
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Les œuvres de Marcel Berlanger (artiste belge né en 1965, vivant et travaillant à Bruxelles) jouent de l’ambiguïté entre photographie et peinture. Au premier regard, elles possèdent le caractère des apparitions : luminosité et frontalité des images, simplicité générique des sujets – l’arbre ou la fleur, la montagne, la figure féminine, symboles du nom, du mot ou de la lettre. Mais, dans le même temps, le photographique cède le pas au pictural : gestes amples ou délicats inscrits dans la matière, tactilité des supports en fibre de verre, éclat des monochromies ou irrisation des grisailles. Et, par dessus tout, omniprésence des tracés de mise au carreau (mais aussi de la trame et de la grille jusqu’au moucharabieh), quadrillage qui devient le moyen et la finalité d’imprévisibles jeux de « division ». Assurément, une histoire de dit et de vision…
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