DE LA DESTRUCTION
du 28 avril au 7 juillet 2012
Bombardements, incendies, séismes – tels sont les thèmes abordés par Myriam Bucquoit dans cet ensemble de peintures récentes*. Ou plutôt les conséquences de ces catastrophes : architectures ruinées ou calcinées, sites dévastés, désormais vides de toute présence humaine, sans références à des événements ou à des lieux précis. Toute expression tragique est évacuée dans ces œuvres qui ne sont, suivant le précepte richterien, « ni un spectacle ni une illustration ». Seules demeurent, dans un registre restreint de couleurs mates, des visions de paysages immobiles et silencieux, fantômatiques, dans un sentiment de temps suspendu.
Quelque chose comme un début d’éternité.
(*Le titre de l’exposition a été inspiré à l’artiste par le livre de W. G. Sebald : « De la destruction comme élément de l’histoire naturelle »)
« … Traces de vie urbaine, architectures béantes, objets calcinés, ruines, vestiges, fragments, matériaux épars dessinent des territoires ravagés, abandonnés. Pas de flou et pourtant une netteté atténuée, une porosité des formes aux limites fondues les unes dans les autres.
Un premier ensemble de sept petits tableaux, Bombardements (46 x 65 cm), à la limite du noir et blanc, aux gris anthracites, aux blancs jaunis, peu contrastés, comme si un voile de poussière les recouvrait. Choisis parmi une vingtaine de cartes postales de la Grande Guerre sur Verdun détruite (un grand-oncle les avait adressées à une parente de l’artiste), ces alignements de façades en partie écroulées, aux tonalités « rabattues », se maintiennent fantomatiques, hors du temps dans leur fixité blafarde. Ils gardent de la carte postale une échelle contenue, à la limite de la contrainte, ramassée, presque étriquée.
Quel défi s’est donc lancé l’artiste en abordant ces tableaux ? S’ils conservent de la photographie l’empreinte de l’authenticité, ils s’en écartent dans leur matérialité. Nous avons devant les yeux une peinture patiemment développée en nappes fines et mates sans empâtements. Parmi ces rues désertes et ces sols encombrés de gravats, au travers de ces ciels pâles persiste une nature « sans vie », morte. Le choix de l’artiste n’a rien d’héroïque ni de volontariste. On sent la retenue dans la touche, le lent travail du recouvrement crayeux, une entreprise de deuil : autant de linceuls pour des lieux désertés, atemporels qui réactivent les drames d’un passé révolu… »