TABLEAUX FURTIFS
du 28 janvier au 8 avril 2017
« Pendant toutes ces nuits d'avril, pendant qu'il arpentait ces rues, tout seul, un gratte-ciel l'a obsédé, un édifice cannelé dressant en l'air ses innombrables fenêtres éclairées, un édifice qui lui tombe dessus du haut d'un ciel balayé par les nuages. » (John Dos Passos, Manhattan Transfer).
Les tableaux récents de Xavier Drong (1971) présentés dans cette exposition semblent avoir été conçus pour se dérober à toute quête du classifiable et de l'identifiable. Ils échappent ainsi, comme les avions dits « furtifs », à toute tentative de « détection » ou de repérage et partagent avec ces engins militaires leur noire géométrie cubisante dont les facettes et les reflets nocturnes suscitent la même inquiétude sourde. Le sentiment d'un mystère qui serait, selon Jankélévitch, celui qui « résulte d'un secret traversé par un pressentiment ». Évoquant à la fois Picasso, Lüpertz et la cyber-imagerie, la peinture de Xavier Drong est âpre et puissante, austère et chargée d'énergie. Incertaine et grave aussi. Une question de survie, peut-être...