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Leo Copers, Bart Baele

 

LOODS12 / DIX291
Een dialoog / Un dialogue

Bart Baele, Leo Copers, Bernd Lohaus, Vincent de Roder, Walter Swennen, Philippe Vandenberg, Kelly Van Den Haegen

du 29 janvier au 9 avril 2011

La présentation aujourd’hui, à DIX291, du tableau de Bart Baele (*1969) La Rédemption fait suite à l’exposition personnelle de l’artiste belge, en ce même lieu, au printemps 2010. Cette grande peinture de 2001 est emblématique du travail de Bart Baele, véritable confession révélatrice d’un psychisme meurtri : une figure monumentale – hiératique et grinçante à la fois – dressée sur un sol jonché des noms du panthéon personnel de l’artiste (Artaud, Munch, Van Gogh, Bacon...) et saisissante par sa puissance plastique et le traitement de l’espace pictural. (Un ensemble d’œuvres de Bart Baele – peintures, dessins, sculpture – sont exposées également à la Galerie Polaris du 8 janvier au 26 février 2011).

L’œuvre de Leo Copers (*1947, Gand) échappe aux catégories. Ni peinture, ni sculpture, ni installation à proprement parler, elle réunit – souvent de façon éphémère – des objets usuels dans des combinaisons inattendues, fortement symboliques, où la beauté est rarement exempte d’une forme de violence. Les images ainsi évoquées sont surréelles : un nuage de brume sourd de l’entrebâillement d’une porte, un massif de fleurs fait entendre le chant du rossignol, l’eau ou la glace prennent feu. Et, comme en rêve, on peut y trouver un lingot d’or au fond d’une corbeille à papier. Mais gare au conte de fées car il recèle toujours son lot d’illusions et de désenchantements!

Le sculpteur allemand Bernd Lohaus (*1940, Düsseldorf) nous a quittés récemment, fin 2010. Il avait étudié dans la classe de Joseph Beuys avant de s’installer en Belgique (en 1966) où il a animé avec sa femme Anny De Decker la célèbre galerie Wide White Space d’Anvers. Lohaus est surtout connu pour ses sculptures en bois, composées de grosses poutres dont l’usure dit le temps et le labeur. Toute son œuvre est à interpréter dans son lien à l’architecture, jusqu’aux petites sculptures – en bronze, en bois ou en carton, faites de caisses, de boîtes ou de cageots graissés de cire d’abeille – qu’il présentait sur une table comme des maquettes d’édifices à construire. Un minimalisme humble et « habité » dans tous les sens du mot.

L’artiste belge Vincent de Roder (*1958) pratique une peinture abstraite géométrique « non autoritaire ».
Le format est réduit ; les couleurs sont franches mais savent parfois se conjuguer avec des tonalités subtiles ; les obliques rayonnantes peuvent succéder aux bandes et au raies, horizontales ou verticales.
Et les fines couches de laque ne refusent jamais par principe l’à-peu-près, le repentir ou la macule.
Une géométrie tolérante, donc, qui accepte d’être associée mentalement à des visions urbaines – fragments de bâches, stores ou panneaux de signalisation de nos villes – ou d’évoquer, pourquoi pas, la perspective pop de quelque « Standard Station ». (Vincent de Roder est aussi le fondateur de l’espace d’exposition LOODS12 à Wetteren, non loin de Gand).

Walter Swennen (*1948) vit et travaille à Bruxelles. Chaque toile de Swennen est une tentative de création d’un espace pictural complètement neuf où abstraction, figuration ou texte se rencontrent et dont l’origine est le plus souvent liée à une anecdote ou à une lecture. Peintre-poète, il peut, par exemple, faire un tableau en écrivant simplement, sur un fond rose, les mots : Rubince / Mèmelinque / Breuguèle / Rambran. Comme l’écrit Hans Theys, il détourne les mots, les images, l’histoire de l’art, tout en apportant le plus grand soin à toutes les composantes matérielles du tableau, travaillant souvent sur des supports de récupération, jouant de toutes les matières picturales pour faire « perdre au tout son équilibre pour mieux le rétablir ».

Philippe Vandenberg (*1952, Gand) a connu une reconnaissance quasi internationale, dans les années 80, pour ses grands tableaux expressionnistes abstraits hauts en couleurs et en matière. Par des choix existentiels toujours plus radicaux, il rompra ensuite, fièrement et douloureusement, avec une définition de l’art et de l’artiste « comme il faut ». Peintre, écrivain, poète, son œuvre dessinée est aussi très importante, jusqu’à la fusion du mot et de l’image des dernières séries (Kill Them All, 2007-2009). « J’ai un côté kamikaze. J’entretiens une relation perverse avec l’autodestruction et même la destruction en générale…
Car la destruction fait partie de la création ». Philippe Vandenberg s’est donné la mort le 29 juin 2009.

Kelly Vander Haegen est une jeune artiste belge (*1986) dont les images – grands et puissants dessins au pastel ou petites œuvres raffinées au crayon de couleur – représentent souvent des mises en scènes complexes, imprégnées du monde de l’enfance, entre pensée et rêve, illusion et réalité. Une évocation qui pourrait rappeler l’art de Spillaert, Louise Bourgeois ou David Lynch. Elle réalise aussi des maquettes, toutes bricolées, qui sont les lieux virtuels, les théâtres rêvés d’un spectacle total dans lequel elle figurerait elle-même en chanteuse-danseuse.